CR n°3 :
[large]Et une, et deux premières parties ![/large]
À présent, il est temps de nous intéresser aux deux groupes qui se sont produits avant Lenny et sa dream team. J’ai nommé Ambo et Yodélice.
Il y a quelques jours, notre ami trekk de Bordeaux m’avait demandé qui accompagnerait Lenny lors du festival des Voix du Gaou ; j’avais été alors bien incapable de lui répondre. Au moment de réserver ma place, seule la perspective de revivre un grand moment “kravitzien” me motivait en effet. Le festival aurait pu programmer juste avant LK un groupe de joueurs de bignous sub-caucasiens aux riffs teintés de ragga-electro-zouk, j’aurais quand même tapé mon code carte bleue les yeux fermés. 50 euros les 2 h 30 de plaisir, ça ne se refuse pas, même (surtout) en temps de crise morale, économique, financière… La vie est décidément trop courte pour refuser de profiter des rares bons moments de la vie. Carpe diem.
Bon, d’un autre côté, y’avait quand même assez peu de risque que les organisateurs du Gaou osent associer Lenny à un ou deux groupes incapables de tenir la route et de chauffer le public (même si Lenny n’a pas trop besoin d’aide pour cela !).
Enfin, c’est justement le mérite des festivals d’été de permettre la découverte de nouveaux talents lancés dans le grand bain aux côtés d’artistes plus renommés. Ainsi, en 1993, aux Eurockéennes de Belfort, mon premier concert de Lenny m’avait permis de découvrir en une seule journée Galiano, Sonic Youth et les Black Crowses…
Ambo, agréable mise en bouche
Tout ça pour dire que, curiosité oblige, j’ai donc grand ouvert mes grandes oreilles et que je ne l’ai pas regretté du tout.
Il est noir, a un tatouage sur l’épaule et des dreds locks. Cela ne vous rappelle pas quelqu’un ? Le chanteur de Ambo a poussé le mimétisme assez loin avec notre idole… en dehors du lâcher de portefeuilles et du pantalon violet, certes moulant. Bon, ceci dit et sans être méchant, la route est encore longue avant que l’élève ne rattrape le maître (pour le dépasser, autant lâcher l’affaire de suite…).
Au rayon des bémols, on notera un manque criant de sonorisation du micro du chanteur, couvert par celui de ses excellents musiciens (un batteur et deux guitaristes dont un surtout vidéaste amateur).
Au final, Ambo a fait une prestation tout ce qu’il y a de plus honnête, avec une belle énergie sur scène, mais qui a besoin pourtant d’être encore canalisée. N’est-ce pas le bassiste (très bon au demeurant, ndlr) qui a trouvé le moyen de craquer, que dis-je de craquer, d’EXPLOSER l’entre jambe de son corsaire, offrant une vue imprenable sur son caleçon vert ! Quant au chanteur, à force de sauter de partout, dans tous les sens, et d’hurler, il a gagné un billet pour le remake au ciné du Marsupilami.
Bon, j’ai l’air de me moquer, mais ce n’est pas méchant. Le public a passé un bon moment avec Ambo, … sauf que le régisseur commençait à trouver le temps long. Sa mine renfrognée et son signe « demande de temps mort » à deux reprises en disaient long sur son envie de passer à la suite, mais surtout par peur d’accumuler le retard inévitable dans ce genre d’événement. Encore un qui sait qu’avec Lenny, la ponctualité reste un paramètre aussi nécessaire… qu’illusoire !
Mais Ambo a compris le message, savourant ces dernières secondes sur scène avant de tirer sa révérence. Pour laisser la place toute chaude à un autre groupe, Yodélice…
Pour parler de Yodélice, peut-être faudrait-il confier le clavier à Clémentine, ma voisine de gauche, qui n’a pas perdu une miette (pour ne pas dire un pixel…) du set. Mais on risquerait de perdre en objectivité tant elle semblait « à fond » sur le sujet, après avoir cherché des infos sur le site myspace du groupe, préparé la petite pancarte pour demander la set list, etc. Je me risque donc ; tant pis pour un éventuel retour de bâton ;-). Pas taper, Clémentine…
Un peu d’histoire (à base de “on dit que”…)
D’après ce que j’ai compris, Yodélice a pour leader l’ex-mari de la chanteuse Jenifer, révélée il y a déjà quelques temps par une de ses émissions de “télé-réalité” qui vous fabrique des nouvelles stars à grand coup de marketing, de sélection par appels surfacturés et de scénario où l’emballage (la « personnalité », disent certains jurés) prime a priori souvent sur le contenu.
La carrière solo du brun ténébreux n’ayant pas eu le succès escompté, le bonhomme aurait monté ce groupe. Et bien lui en a pris d’ailleurs car ce dernier tient bien la route avec ses accents folk assumés, ses textes en anglais et un look « barbu-négligé » conforme aux attentes légitimes avec ce style de musique. (Et une retransmission sur le site
www.france4.fr de leur set aux Francofolies de La Rochelle a confirmé que leur popularité était légitime).
Au final, Yo ! Quel délice ! (je sais, elle était facile, mais difficile de la rater…). Alors que le soleil tirait lentement sa révérence sur la pinède du Gaou, Yodélice nous a embarqués dans son périple et on n’a pas regretté le voyage avec quelques chansons d’anthologie, notamment la première, toute en gravité solennelle, et des titres comme « Sunday with a flu » ou encore « Free », très réussis et entraînant.
Avec sa veste en simili crocodile (ou véridique ?), son chapeau melon et sa plume (qui m’ont fait penser à Thomas Fersen, mon chanteur français fétiche), et sa larme tatouée ou plutôt maquillée sous l’œil gauche, le leader affiche un look bien étudié : beau personnage de scène en tout cas… et bon musicien en prime. Outre sa maîtrise du jam man, le gars en connaît un rayon question “gratouille” de guitare. Faut dire qu’avec un instrument en forme de tête de mort, ça motive on dirait ! LOL;-). Bon, il reste juste à son préparateur d’instrument de surveiller davantage les cordes : deux d’entre elles se sont fait la malle en plein milieu d’une chanson. Ça fait un peu désordre, mais ça n’a pas affecté la qualité des chansons interprétées. Ouf !
Le violoncelliste rouquin ne fut pas mal dans son genre non plus, allant même, lui, jusqu’à concilier une audacieuse danse du ventre et un instrumental à l’harmonica… Respect !
Sans surprise, Yodélice a donc obtenu un franc succès chez de nombreuses jeunes filles en fleurs, mais le reste du public n’a pas boudé son plaisir en lui réservant une ovation, elle aussi, amplement méritée.
22 h 08. La première partie officielle s’achève. Entre temps, la nuit est tombée, une légère brise venue du littoral donne un peu d’air bienvenu pour supporter la fournaise, le public est chaud comme la braise, l’heure du grand show de Lenny Kravitz est arrivée. La suite, vous la connaissez…
(to be continued…)