Voici ma critique de l'album, que j'ai publiée sur ma page Facebook (j'ai pour habitude d'écrire des articles reviews d'albums sur le réseau social, donc ne soyez pas géné par la présentation...). Une critique moins positive par rapport à ce qui a été exprimé ici. Bonne lecture!
Lenny, Lenny, Lenny... Bon, j'vais pas vous faire un topo, vous savez tous à quel point cet artiste me fascine, et ce même si ses derniers albums sont de loin bien plus faibles que ceux des années 90. Cependant, Mister reste un formidable musicien, ses prestations live en sont le parfait témoin. "It Is Time For A Love Revolution" en 2008 avait confirmé sa tendance à se muer en personnage plus "Pop" que Rock / Soul / Funk, après un "Baptism" décevant en 2004. "Lenny" en 2002 était le début de ce revirement, même si quelques morceaux valaient vraiment le détour et que la tournée qui avait suivi était l'une des plus abouties.
Pour revenir à ce "Black And White America", j'avoue avoir eu énormément de difficultés à l'appréhender et à le dompter. Dès la première écoute, j'ai eu l'impression que "LK" voulait partir vers quelque chose de plus Pop encore avec une sévère facette Lounge et calme, sans profondeur ni flamme pour énerver tout ça. Après plusieurs écoutes, j'ai réussi à en tirer du bon là dedans, même si certains gros points noirs risquent de me rester en travers pour encore un moment.
Explication de texte. On commence avec le titre éponyme de l'album, Black And White America. Pour ceux qui se sont intéressés quelque peu à l'origine du titre, Mister Kravitz se veut défenseur ici de l'Amérique melting pot, lui même fils d'un couple "multicolore" aux origines culturelles différentes. Finalement, ce titre nous replonge dans la ségrégation des années 60, avec une musique fortement inspirée de la culture noire américaine. Les premières versions acoustiques du morceau lors de ses premiers concerts de promo avaient fait forte impression, et la version électrique du dit morceau confirme la richesse musicale du personnage. En concert, c'est un morceau qui devrait donner, surtout qu'il servirait de parfait prétexte à quelques soli de guitare ou de synthé parfaitement maitrisés... La version live au Rock In Rio m'avait d'ailleurs enchanté.
Le second morceau de l'album a été le premier à atterrir sur les ondes, puisqu'il avait ouvert la finale NBA de fort belle manière. Un morceau beaucoup plus Rock, comme Lenny nous fait toujours depuis ses débuts avec Always On The Run jusqu'à Bring It On sur le précédent opus. Come On Get It, le nom de ce morceau donc, me déçoit légèrement par un riff qui semble puissant mais pourtant pas vraiment exploité et qui envoit pas assez la sauce à mon goût... La faute à la production peut être un peu trop lisse? Dommage, d'autant que le solo et les cuivres donnent une dimension intéressante à cette chanson. Mais ça reste efficace quand même.
Ensuite vient In The Black, premier morceau différent de ce que Lenny Kravitz nous proposait à l'habitude. Ici on part vers une légère tendance électro, avec un mixage de la voix tout à fait honorable qui met bien en valeur les prouesses vocales du bonhomme. J'ai eu du mal à accrocher au début, mais j'avoue qu'en réécoutant ce morceau se classe dans mon Top 3 sur cet album. D'autant que, je parle encore de solo, celui-ci se la joue un peu à la Kurt Cobain en reprenant la mélodie vocale de la chanson. Diablement efficace...
Premier point noir de l'album, Liquid Jesus, qui ressort un peu ce côté lounge dont je parlais précédemment... Très calme, très posé, avec une voix portée sur les aigus à la manière de l'irrésistible In Ain't Over 'Til It's Over sorti en 1991 sur "Mama Said", chef-d'oeuvre kravitzien par excellence. Sauf qu'ici, tout le charme se perd, et ce morceau tourne vite, très vite en rond... C'est creux, c'est fade, bref, je passe direct. D'ailleurs ce premier point noir sera vite suivi par un second, Boungie Drop, avec en "featuring" DJ Milirary et Jay-Z... Le premier nous présente le morceau façon Rap de bas étage, et le second, bien que reconnu dans le genre, me gonfle au bout de deux vers... J'ai jamais compris cette nouvelle tendance de Lenny Kravitz à s'entourer de rappeurs, lui qui puise normalement son inspiration vers les grands que sont Stevie Wonder, Prince et consorts... On avait déjà le coup en 2004 avec Storm, qui lui aussi mettait en vedette Jay-Z. Passez votre chemin.
Heureusement qu'entre les deux il nous a placé Rock Star City Life, sinon on aurait déjà frôlé l'indigestion. Ici on revient une nouvelles fois aux bases Rock de Lenny, d'ailleurs ce morceau nous rappelle Where Are We Runnin', sorti lui aussi en 2004. Un riff typiquement kravitzien encore, des arrangements au synthé qui apportent un certain souffle, c'est plutôt pas mal en somme. On arrive ensuite à Stand, le premier single officiel de l'album. Stand, c'est un peu le genre de chanson que si elle est là bah on l'écoute et on apprécie malgré tout (faut dire que la ligne de basse est intéressante, et le riff de guitare sympa aussi d'ailleurs), mais qu'elle ne mérite pas son titre de single parce que finalement, ça ne décolle pas vraiment. A écouter en live, le rythme est taillé pour faire taper des mains.
Arrive ensuite la petite pépite de l'album: Superlove. Aaah, ce retour au Funk, à la basse bien slappée façon 70's, ce synthé délicieux, cette voix sensuelle... Là, j'adore. Les premières ébauches studios que Lenny nous avait présenté il y a 1 an ou 2 laissaient présager du bon, on est servi. C'est frais, c'est bon, c'est génial. Dans la lignée de l'énorme Dancin' 'Til Dawn d'il y a 2-3 ans qui lui aussi m'avait enchanté. Quand on se dit que Lenny Kravitz nous promet depuis 20 ans un album totalement Funk de ce genre, on se demande encore pourquoi il ne le fait pas dès maintenant, tellement le bougre nous fait rêver avec des morceaux pareils.
On redescend un petit peu avec Everything, un peu le genre de morceau typique des années 2000 de Lenny Kravitz, qui se laisse écouter facilement mais où il manque toujours la petite flamme des années 90 pour venir enrichir le tout. Mais j'avoue le rythme ainsi que le refrain du morceau sont d'excellente qualité.
En parlant de qualité, I Can't Be Without You, c'est clairement LA chanson d'amour de l'album. Bon, ça ne vaut pas les Believe et autres Again, mais la qualité d'écriture est là quand même. Des paroles toutes simples mais tellement jolies "I wanna hear your voice, wanna see your face", et encore une fois ce synthé qui vient parfaire un refrain vraiment très très beau... Une autre petite pépite sur cet album, qui montre que l'artiste, niveau chanson qui tue, il perd pas le nord. Depuis "Let Love Rule" en 1989, c'est clairement sa spécialité. On pourrait en faire des best-of avec ce genre de chansons... Tellement simple mais tellement beau.
Looking Back On Love s'enchaine parfaitement avec la précédente citée. Une voix puissante sur un morceau qui utilise parfaitement un rythme de basse Funky encore une fois, et qui finit finalement par décoller par un nouveau solo, cette fois pas à la guitare, mais au synthé. Presque 2 minutes de bonheur que j'attends de pouvoir savourer en live, si notre homme se permet de le jouer. Honnêtement on est sur une bonne dynamique avec ces quelques morceaux qui s'enchainent depuis tout à l'heure de fort belle manière.
Dynamique qui se retrouvera à mon sens brisée avec Life Ain't Never Been Better Than It Is Now... Je ne saurais pas trop décrire pourquoi, parce que finalement le rythme de la chanson est lui aussi très intéressant, mais quelque chose me chiffonne là dedans... En fait faut écouter pour se faire son idée, mais j'arrive pas à accrocher. Ce morceau est suivi par The Faith Of A Child, qui plaira à beaucoup avec son piano... On revient encore à de la douceur, le genre de morceau dans la même veine que I Can't Be Without You justement. Je préfère ce dernier cité d'ailleurs, peut être que les choeurs façon Gospel à certains moments me gênent finalement. Objectivement c'est très agréable, subjectivement ça me parait peut être un peu trop. Toujours est-il que ça démontre encore que Lenny Kravitz, en plus d'être un sacré musicien, est un sacré chanteur avec une voix irrésistible.
Sunflower... J'arrive pas vraiment. Un parfum d'été, des sifflets brésiliens, c'est une bonne recette. En fait ça aurait pu marcher si encore une fois Lenny n'avait pas réinvité un autre rappeur, Drake cette fois-ci, pour participer à ce morceau. Ça gâche tout... J'vais me faire taxer de fermé d'esprit niveau Rap, désolé, mais ça ne colle en fait pas du tout au style de Kravitz... Je bloque. Dommage.
Dream... C'est un peu le morceau de trop même si la production met clairement en avant la voix de Kravitz. Un peu répétitif encore une fois, ça décolle pas vraiment, c'est un peu longuet sur les bords, c'est un peu gâché en fait, parce que le morceau en lui même est très agréable, taillé pour vous endormir comme une douce berceuse un soir d'été où il fait chaud. On termine sur Push, ni bon, ni mauvais. En fait on regrette un peu que ça se termine comme ça, sur un morceau un peu banal... La faute à un album trop long en terme de quantité? Peut être, mais c'est un peu décevant finalement...
Décevant, c'est pas le mot que j'emploierais pour qualifier cet album, je dirais plutôt mitigé. D'un côté, on se rend compte que Lenny Kravitz reste toujours aussi talentueux et arrive à nous surprendre avec des morceaux comme In The Black, Superlove ou I Can't Be Without You, qui font la force de cet album avec son titre éponyme qui promet de sacrées prestations live. De l'autre côté, on a le Lenny Kravitz des années 2000 qui retombe dans ses travers... Des collaborations un peu douteuses, des morceaux qui décollent difficilement, et finalement un album qui mériterait de se limiter à 10 ou 12 morceaux max pour garder un maximum de qualité dans le contenu. On se rattrapera sur la tournée qui risque d'être, elle, explosive.