Je vous avais promis un CR, 1h30 pour le rédiger, alors n'ayez pas la flemme de le lire par pitié!
Après un nouvel album agréable mais pas transcendant, Lenny Kravitz reprend du service en tournée, cette fois à Lille deux ans après un Main Square Festival où déjà il avait fait l'unanimité. Pour ma part, j'étais alors présent à Paris Bercy, pour un concert mémorable où j'en ai versé ma ptite larme sur
Believe. Un grand moment pour moi que de voir mon idole de toujours sur scène pour la première fois.
Deux ans plus tard, la donne n'est plus tout à fait la même, ayant été dépucelé et connaissant donc le bonhomme sur scène. Mais c'est avec grand plaisir que je reviens vers lui, tout comme auparavant avec AC/DC et Joe Satriani où j'avais pris la même claque (voire plus sévère) lors du second concert. Donc je ne me faisais aucun souci. La salle se prête d'ailleurs à un grand moment, assez petite et beaucoup plus intimiste qu'un Bercy un peu trop grand à mon goût. Et l'acoustique y est d'ailleurs très intéressante...
La première partie, Raphaël Saadiq. Ne connaissant pas du tout le bonhomme, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Deux ans auparavant c'était Chris Cornell, qui nous a pondu quelques titres de Soundgarden dont le fameux
Black Hole Sun avec en prime une reprise de
Good Times, Bad Times de Led Zeppelin, et il faut dire qu'il avait placé la barre assez haut pour une première partie. Raphaël Saadiq, c'est un tout autre registre: un retour à la Funk / Soul des années 70 bien groovy, me faisant penser quelques fois à Prince dans le jeu de scène et le comportement ultra-sûr de lui. Ça bouge, c'est rythmé, entrainant, ça communie avec le public, c'est super. Son groupe l'était aussi d'ailleurs, les prestations au chant de sa choriste et de son claviériste m'ont d'ailleurs fait frissonner de plaisir tellement c'était beau. Une bien belle mise en bouche avec pour finir le classique
Let The Sunshine In, rien que ça.
Millimétré, le show a duré 45 minutes. 45 mêmes minutes d'attentes avant l'arrivée en trombe de notre héros de la soirée. Extinction de lumières, tombée de rideau, la scène dévoilée, et on rentre dans le lard dès les premières mesures:
Come On Get It, morceau Rock que j'attendais d'ailleurs de voir en live car il m'avait paru légèrement fade sur l'album: pas du tout ici en concert, une véritable bombe qui vous prend aux tripes avec un riff dévastateur. Lenny Kravitz arrive quant à lui dans une lumière blanche quasi-aveuglante, juste au moment d'entonner les premiers vers du morceau. Du grand art. Y'a deux ans il arrivait dans le noir, là c'est complètement l'inverse, bravo, pour une entrée c'est toujours du tonnerre!
Revenons sur la scène justement, beaucoup plus travaillée qu'à Bercy aussi. De part et d'autre, deux écrans géants triangulaires qui passeront le plus clair de leur temps sur Kravitz. Au fond de la scène, un autre écran géant qui couvre quasiment tout le mur, tantôt pour montrer Lenny de manière un peu plus "psychédélique", tantôt pour illustrer ses morceaux. Devant, la batterie surélevée avec de chaque côté deux triangles encore une fois. A gauche (vu de face), les claviers, avec la bassiste devant ce triangle. De l'autre, de manière symétrique, Craig Ross à la guitare ainsi que la section cuivre menée par l'indéboulonnable Harold Todd. Et au centre en chef d'orchestre donc, Lenny Kravitz. Le tout aussi accompagné d'un jeu de lumière assez époustouflant, jouant parfaitement sur les couleurs et les ambiances tout au long du concert. Superbe.
On a donc commencé avec un morceau Rock N Roll, et on continue avec du Rock N Roll (façon Kravitz bien sûr, avec ses fidèles cuivres et ses rythmes Funky)...
Always On The Run, direct! Wow, moi qui m'attendais à retrouver ce morceau en fin de concert, là il est servi direct, d'entrée, pour en foutre encore dans la gueule. Parfaitement maitrisé, Lenny très en voix d'ailleurs ce soir (à noter le choc aussi que ça fait de l'entendre chanter en live par rapport à ses albums, encore plus fort et plus marquant encore qu'à Bercy...) se transforme en Maître de Cérémonie. Craig Ross n'est pas en reste avec un solo dantesque comme il sait si bien les faire. Rien à envier à Slash qui avait réalisé ce solo il y a 20 ans déjà sur l'album "Mama Said"...
Et on continue encore avec les gros tubes,
American Woman cette fois... Bon, clairement, ce soir ça va être du Best-Of je crois. Fidèle à lui même en véritable bête de scène, Lenny Kravitz nous sert ses plus belles postures en jouant de sa guitare, son charisme explosant devant nos yeux. Comme les décibels en fait. Cette fois le solo c'est lui qui s'y colle, de fort belle manière. A la fin du morceau, le bonhomme se permet au moins 5 minutes de battement le temps pour lui de savourer les applaudissements et hurlements de la salle remplie à bloc.
J'en ai profité d'ailleurs pour demander au mec devant moi d'arrêter avec son portable... Ouais, faut quand même le dire, mais c'est franchement lourd quand vous êtes juste derrière le mec ou la nana qui passe son concert scotché sur son portable. Les 3 premiers morceaux, j'ai galéré à devoir bouger la tête en fonction de son écran qui se plantait en plein dans mon champ de vision... Tout ça pour prendre des photos floues et des vidéos de qualité médiocre. Faudra dire à ces putains de blaireaux que les putains de micros et lentilles de leurs putains de portables sont pas fait pour prendre ce genre de scènes! Ho et puis, téléphoner à ses amis pour leur faire apprécier le concert, ça sert à rien au fait, le mec ou la nana entendra juste un son ultra saturé qui lui cassera les oreilles quand il ou elle aura décroché, donc ça sert à rien. Et en plus toi même tu profites même pas de ton concert à passer ton temps sur ton portable. T'as payé ta place pour toi mec, pas pour les autres! Toi aussi tu t'es reconnu dans cette description? Ben t'es un blaireau aussi haha! Bon, passons à la suite quand même, j'ai fini de râler.
La suite donc, c'est toujours des tubes, et encore des tubes...
It Ain't Over 'Til It's Over, avec un clavier ultra présent et malheureusement une guitare un poil trop en retrait à mon goût, au niveau rythmique. Le solo sera un léger point noir sur le son, je ne l'ai pas entendu du tout. Dommage, même si la prestation était encore une fois remarquablement maîtrisée. On enchaine avec le bon vieux
Mr. Cab Driver, toujours aussi efficace... Le genre de morceau ultra simple, qui coule de source, où vous vous dîtes "putain, mais j'aurais pu le composer quoi!", sauf que bah c'est pas vous qui l'avez pondu, et surtout que jamais vous n'auriez réussi à rendre un groove aussi impressionnant dessus. Cette fois sur le solo on entend beaucoup plus la guitare, tant mieux, le morceau finit en trombe et ça le fait.
A la fin de ce morceau, on laisse retomber la pression, on calme le tout, les lumières baissent d'intensité, et on nous sort une intro ultra planante... Avec un putain de solo de trombone, magnifique à écouter. Enfin un peu de place à l'improvisation dans ce concert où jusqu'ici les morceaux ont été joués de manière similaire aux versions studios. Un solo de trombone d'au moins deux minutes, couronné à la fin par un chant puissant du sieur Kravitz qui nous montre qu'en plus d'être un remarquable multi-instrumentiste, il en a dans le coffre... Et on finit par enchainer avec une grosse caisse très présente, venant entamer un
Black And White America de toute beauté. La grosse caisse très lourde d'ailleurs en concert rend le morceau beaucoup plus agréable que sa version sur l'album, un peu trop lisse à mon goût. Le reste, c'est finalement du cérémonial et on se laisse facilement aller en dansant et en chantant.
Arrive ensuite le passage beaucoup plus calme du concert... Lenny change sa guitare, et laisse entendre une note très familière... Je me dis non, c'est pas possible, il va pas nous la ressortir, ça fait des années qu'il ne l'a pas jouée! Et ben si, il l'a fait,
Fields Of Joy, LE morceau qui m'a tout simplement bercé d'innombrables fois dans ma plus tendre enfance... Pour ceux qui ne connaissent pas, ça commence tout doux, telle une berceuse justement, et ça monte, ça monte en puissance, avant de partir dans un solo furieux (la patte de Slash encore une fois) entamé de main de maître par un Craig Ross toujours aussi tranchant. J'en reste bouche bée tellement c'est beau. Une fois ce solo terminé, on repart dans le rythme léger du début de morceau, et on enchaine directement...
... Sur
Stand By My Woman. Non, c'est pas possible! Celui là il n'est peut être pas apparu en concert depuis justement 1991 quand il tournait pour la sortie de "Mama Said"! Putain les frissons, en plus de ça on est gratifié d'un magnifique solo de saxophone mené par Harold Todd... Le genre de solo que j'ai écouté en boucle sur des pirates d'autres tournées, que je rêvais d'entendre tellement déjà rien que dans mes enceintes ça transpirait l'émotion, et là, j'y étais, le genre de solo qui vous prend par les tripes et vous emmène loin, très loin... Aaaaah j'adore. La chanson s'enchaine et puis bah, que dire, c'est juste LA chanson d'amour façon Lenny Kravitz comme je les aime, loin, très loin du banal
I'll Be Waiting... Une véritable leçon.
Pas terminée la leçon, il a décidé de m'achever sur
Believe.
Believe, c'est un peu une messe. C'est doux, calme, planant, cérémonial, et ça vous transporte littéralement dans un autre monde avant de s'achever sur un énième remarquable solo, différent de celui de
Fields Of Joy beaucoup plus rapide et technique, où ici l'émotion et la chaleur priment. Craig Ross devrait, à mes yeux, mériter une beaucoup plus grande considération dans le milieu des guitaristes de génie, où il aurait parfaitement sa place tellement son jeu est fluide, propre, avec à la fois la technique et la vélocité d'un Slash mêlé à la chaleur et au feeling d'un Gary Moore. Quel guitariste, vraiment...
A la fin de cette messe on revient sur le nouvel album, ben oui quand même il tourne pour son nouvel album Lenny Kravitz, on l'avait presque oublié! Il nous sort ici le tube qui l'avait lancé,
Stand. Là, même si j'avoue le rythme est bien sympathique et fait facilement taper des mains, j'accroche pas énormément en fait... Y'a un truc qui colle pas pour moi. C'est bien, frais, sympathique, mais ça n'a pas la petite chose qui fait toute la différence. Rien ne peut être parfait après tout. Je regrette légèrement le
Dancin' Till Dawn servi il y a deux ans, véritable pépite de son avant dernier album qui sera d'ailleurs totalement oublié du concert. On ne peut pas tout avoir après tout.
A la fin de ce morceau, Lenny nous ressort la bonne vieille Les Paul noire, j'ai le pressentiment que l'on va revenir vers un sacré Rock bien gras. Je ne me suis pas trompé:
Rock And Roll Is Dead! Rien que ça! Bordel, ce morceau il ne l'a peut être plus joué depuis 2002, et c'est comme s'il revenait de nulle part... Ho mon dieu c'est énorme. Ce solo, oui ce solo (je sais j'vous emmerde à tout le temps parler des soli mais c'est ma review du concert alors j'fais c'que j'veux, na.), quelle bombe! L'un des tout meilleurs de sa carrière, pas le plus long peut être, mais tellement bon! Raaaah là j'suis heureux.
S'enchaine l'autre morceau Rock du dernier album,
Rock Star City Life. Alors là c'est pareil, c'est le bon Rock façon Lenny Kravitz, ça envoit le bousin sans en faire des tonnes. C'est parfaitement maitrisé et ça passe tout seul, comme si ce morceau faisait partie des classiques "Kravitziens" depuis des années. Il me fait d'ailleurs penser, comme je le disais dans ma critique de l'album, au
Where Are We Runnin' présent sur l'album "Baptism". Ho ben tiens, qu'est-ce qui vient là,
Where Are We Runnin' justement! Qui se terminera d'ailleurs en trombe avec solo de clavier et solo de trombone, rien que ça. Une petite claque encore.
J'ai malheureusement le sentiment que la fin arrive déjà... Pareil, sentiment validé,
Fly Away. Tout le monde connait, c'est quasi un hymne, le public hurle, oui c'est génial. Mais le meilleur de tous c'est
Are You Gonna Go My Way, entamé d'ailleurs comme au bon vieux temps par une intro à la batterie... Mon dieu j'me disais que jamais je verrai ce morceau entamé de cette manière (que je préfère de loin à une entame générale), ben je suis servi! Le riff est dévastateur, la foule en délire, tout le monde saute, c'est une fusion complète et c'est juste énorme. Point positif, le morceau aura été moins gâché cette fois car les pré-pubères parisiennes d'il y a deux ans n'auront pas hurlé au point de couvrir la décharge de décibels qui venait de la scène (oui oui, des pré-pubères qui hurlent en choeur, ça peut être très très fort dans les oreilles). Aaaaah, on peut mourir tranquille.
Le rappel, ça en devient une habitude, un petit morceau acoustique repris de son répertoire. Ce soir, c'est l'anniversaire de Marie qui fête ses 30 ans et qui par le biais d'une pancarte demande à notre idole de chanter
I Belong To You... Réponse de l'intéressé: "Bien sûr baby", qui a fait chavirer les coeurs des demoiselles présentes sur place. Un autre bon moment du concert, où l'on regrettera peut être un peu le manque d'originalité de notre néo-trentenaire qui a choisi en fait le morceau qu'il fait tous les soirs... Aaaarrrrfff y'aurait eu la place pour un autre morceau qu'on aurait pu se vanter d'avoir eu en exclusivité je dirais! Bon c'est pas grave, on lui en voudra, c'est son morceau préféré, il l'a joué en lui tenant la main, c'est une veinarde, et on est heureux pour elle. On soulignera l'énorme proximité du bonhomme qui n'aura cessé pendant le concert de communier avec son plaisir, à venir le voir tout le temps (surtout pendant le rappel), un artiste qui reste humain et pas un mec prétentieux qui vient jouer et qui s'en va une fois tout terminé. C'est aussi ça qui fait sa force en concert et qui lui donne une toute autre dimension.
La plus belle preuve en est le dernier morceau du concert,
Let Love Rule, qui aura duré facilement 15 bonnes minutes, prétexte à ce que notre homme du soir vienne une dernière fois communier de fort belle manière avec son public... Après un passage au premier rang, celui-ci est venu carrément jusqu'aux gradins mettre l'ambiance, pour le plus grand bonheur des personnes présentes à cette place. Foule en délire, bras levés, on tape des mains, on chante "Let Love Rule" pendant de longues minutes, bravo Monsieur Lenny Kravitz.
Une fois tout cela terminé, retour à la réalité, fin d'un concert qui aura passé bien trop rapidement... Signe que le concert a été brillant, sachant qu'on y est resté quand même 2 heures. Mais j'avoue, j'aurais préféré 3-4 morceaux en plus sur le set principal plutôt que 20 minutes de
Let Love Rule et pas mal de "perte de temps" avec parfois jusqu'à 5 minutes entre les morceaux histoire de laisser le public hurler et applaudir comme des dingues. Mais malgré cela, on ne lui en voudra pas, c'est le prix à payer pour un concert où notre star finalement reste une personne humaine et proche de ses fans, un artiste qui m'aura une nouvelle fois surpris avec une setlist du tonnerre (les trois ballades enchainées en milieu de concert sont juste magnifiques), un nouvel album qui passe bien en live (pour les 4 titres qui ont été joués en tout cas, les plus perfectionnistes auraient peut être apprécié que cet album soit un peu plus présent dans le set), et de véritables bombes Rock qui auront été servies avec une sauce grasse bien délicieuse. On se sera régalés ce soir là.
Une dernier petit point à propos du groupe, honnêtement les membres sont tous aussis bons les uns que les autres. Craig Ross à la guitare et Harold Todd au saxo sont toujours des dieux, et Franklin Vanderbilt à la batterie est vraiment au poil (il aura réussi à nous faier oublier la tigresse qu'était Cindy Blackman celui-là!). Les claviers et les cuivres sont aussi très talentueux, ils nous auront transportés dans un autre monde rien qu'à eux. Je terminerai en tant que bassiste sur la nouvelle venue, Gail Ann Dorsey, et je lui tirerai mon chapeau. Un jeu efficace, sobre, groove, qui me rappelle un petit peu l'excellentissime Jack Daley qui officiait dans les années 90 et au début des années 2000. En somme, un groupe qui réussit à faire aussi bien que celui qui officiait dans les années 90, à la grande époque d'un Lenny Kravitz alors coiffé de magnifiques dreadlocks. Pour un concert mémorable qui aura réussi à me faire passer un meilleur moment encore qu'il y a deux ans...
Merci Monsieur Kravitz, vous avez encore une fois justifié votre place si prépondérante dans mon coeur (c'est ti pas mignon hein?)
Setlist:
1 -
Come On Get It
2 -
Always On The Run
3 -
American Woman
4 -
It Ain't Over 'Till It's Over
5 -
Mr. Cab Driver
6 -
Black And White America
7 -
Fields Of Joy
8 -
Stand By My Woman
9 -
Believe
10 -
Stand
11 -
Rock And Roll Is Dead
12 -
Rock Star City Life
13 -
Where Are We Runnin'?
14 -
Fly Away
15 -
Are You Gonna Go My Way
16 -
I Belong To You (Acoustique)
17 -
Let Love Rule