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Lenny Kravitz : « J'ai réfléchi à ma vie »[/large]
[small]Publié le lundi 12 septembre 2011 à 11H37[/small]
Les lunettes noires sont toujours là, ses boucles d'oreilles également. Après près de trois ans d'absence, Lenny Kravitz n'a pas changé. Boots noirs et veste en cuir, l'artiste américain revient avec un neuvième album, Black and White America, aux influences toujours aussi variées. Écrit aux Bahamas, ce disque revisite le passé de l'ancien compagnon de Vanessa Paradis, le racisme et l'élection de Barack Obama.
Cet album, vous l'avez écrit aux Bahamas. En quoi ce changement a-t-il influencé votre musique ?
La famille de ma mère vient de là-bas. J'y suis retourné car je voulais être en paix. Pour moi, c'est l'endroit le plus paisible du monde. J'ai vécu dans un lieu merveilleux, entre la jungle et la plage. Je me suis retrouvé. Je vivais dans une sorte de mobile-home, c'était très simple. J'avais même mon potager. J'en ai profité pour écouter beaucoup de musique. Je n'allumais pas la télé. Je rêvais de le faire.
Vous avez déclaré : « je n'ai jamais été aussi heureux en écrivant un album ». Est-ce pour cette raison ?
C'est une combinaison entre cet endroit et ce qui m'est arrivé sur place. Je me suis éloigné des soucis quotidiens. Je ne voulais pas voir grand monde durant cette période et je croisais au maximum trois ou quatre personnes par jour. Je n'avais pas d'argent, pas de clés, pas de technologies. J'ai passé beaucoup de temps avec moi-même. J'ai réfléchi à ma vie.
Était-ce indispensable ?
Oui ! Si je ne l'avais pas fait, je serais devenu complètement fou. J'ai beaucoup trop travaillé. J'ai eu beaucoup de projets, dans l'architecture, le cinéma, la photo, mais aussi la musique bien sûr. Mais j'ai aussi ma vie, ma fille. On fait tout ça pendant des années, sans s'arrêter. On ne réalise pas, on est paralysé. Un jour, on explose. J'ai enfin retrouvé le calme, le silence.
Ça se ressent dans cet album où vous paraissez apaisé...
C'est exact. Au début, c'est difficile, vous avez l'impression ne pas avoir terminé tout ce que vous vouliez faire. Mais un matin, vous vous sentez parfaitement bien. C'est ce matin-là, au réveil, que j'ai commencé à écrire ces chansons. J'ai réalisé qu'ici, au Bahamas, j'avais laissé de côté le business, et je n'avais jamais été aussi heureux de ma vie. Jamais.
« Avec Barack Obama, on a quasiment la même histoire »
Cet album est très personnel. On y retrouve des éléments autobiographiques...
Cet album, tout d'abord, c'est ma vie. J'y décris mon enfance et la façon dont j'ai grandi. C'est aussi l'histoire de mes parents. Nous formions une famille très internationale avec des origines différentes (son père est d'origine juive russe et sa mère est d'origine haïtienne) à l'époque du Mouvement des droits civiques.
Il y a forcément un parallèle avec Barack Obama et son élection...
Les Etats-Unis ont franchi un pallier avec Barack Obama. Quand j'étais plus jeune, jamais je n'aurais pensé voir un afro-américain être élu président. Avec Barack Obama, on a quasiment la même histoire. Pour la première fois de l'histoire, quelqu'un, à ce poste, peut parler aux Blanc et aux Noirs. Pour moi, c'est une avancée monumentale.
Selon vous, son élection a-t-elle fait évoluer les mœurs ?
Malheureusement, l'Amérique n'a pas encore franchi ce cap. Le racisme est toujours là. Il y a eu l'élection d'un afro-américain, puis on est passé à autre chose. En fait, il y a beaucoup de personnes qui n'ont pas accepté cette élection et qui souhaitent revenir en arrière.
Il est actuellement en difficulté dans les sondages. Allez-vous le soutenir lors de la prochaine élection américaine ?
Bien sûr, je vais le faire. En ce moment, il traverse beaucoup de critiques, c'est un job très compliqué (rires). Je n'y connais pas grand chose mais la politique m'intéresse beaucoup. Le pays est cassé, divisé en deux. C'est trop facile de le critiquer. Il a dégagé beaucoup d'espoirs. Après son élection, il y a eu un élan incroyable. Tout le monde pensait qu'il allait sauver le monde. Il était sur un piédestal, c'est difficile d'y rester. Mais ça reste un homme formidable.
« Le cinéma pourrait être une deuxième carrière »
A nouveau, dans cet album, vous mélangez plusieurs styles musicaux. Pourquoi ?
J'aime toutes les cultures musicales. C'est trop compliqué pour moi de ne retenir qu'un seul style pour un album. J'aime les contrastes, même dans ma vie en général. C'est pour ça que j'ai une grande maison à Paris, mais aussi un mobil-home aux Bahamas. J'aime les extrêmes et je ne peux rester au milieu.
Vous avez subi plusieurs critiques ces dernières années où l'on vous taxait parfois « d'imitateur ». Est-ce encore le cas ?
J'en ai parlé avec quelques personnes qui me faisaient ces reproches. Si vous écoutez ma discographie, vous verrez que je n'ai jamais repris une mélodie ou une chanson. Mais oui, il y a des influences, c'est naturel. On s'inspire toujours de ses prédécesseurs. Mais ça reste ma musique.
Vous avez déjà fait une apparition au cinéma dans Precious en 2009 et vous tournez actuellement The hunger games (sortie prévue durant le premier trimestre 2012). Le cinéma pourrait-il devenir une seconde carrière ?
Oui. Je veux vraiment en faire plus. Je prends mon temps, mais j'adore ça. C'est complètement différent de la musique. Être acteur, ça n'a rien à voir. C'est formidable de travailler pour un producteur, d'être dirigé.
[small]Propos recueillis par Romain Schué (Agence de presse GHM)[/small]
8 dates en France
En tournée à Amiens, Strasbourg, Montpellier, Toulouse, Nantes, Lille, Rouen, Lyon et Paris-Bercy d'octobre à novembre, Lenny Kravitz apporte quelques indications. « On sera neuf personnes sur une scène très simple qui aura une architecture spéciale, mais très belle. C'est probablement le meilleur groupe avec lequel j'ai joué. La priorité, c'est la musique. On jouera tous les titres de mon nouvel album, mais aussi l'ensemble de mes classiques ».
R.S.
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