Après un temps de flottement, de questionnement (je peux aller où ici, faire quoi ?) on me rassure : je peux aller où je veux !
Aurell et moi nous précipitons alors dans la salle et là première vision de la salle me scotche : une sorte de cocon théâtral qui suinte la zik intimiste, cet endroit a du vécu et l’appellation de temple n’est pas de trop.
Sur scène Craig, Tony, Franklin, Harold et Karl font la balance devant une fosse vide, le calme avant la tempête, mais je suis loin, très loin de m’imaginer l’ouragan qui va s’abattre sur les occupants de ce lieu.
19h30 : ouverture des portes, les gens se précipitent dans la fosse et je retrouve mon groupe à moins d’un mètre de la scène. Petite distribution des rôles et des bannières et scéance photo appuyé… la chaleur monte… il est là quelque part… 20h30, les lumières se tamisent… 20h40, il est là !
La foule explose ! Une entrée comme à la maison du groupe, sans chichi, pas de mise en scène entre nous, pas besoin ! Lenny en cuir noir porte encore une écharpe, prudence est de mise après son accroc de santé, va-t’il être à la hauteur ?
Première mise en bouche avec « Bring it on », le groupe se cherche un peu les premiers instants mais cette chanson est vraiment bonne en live.
Enchaînement immédiat avec « Dig in », Lenny cherche le public, SON public, il s’applique à faire monter la tension au plus vite et son visage laisse transparaitre cette attente à plusieurs reprises pendant son solo.
C’est le moment, on lève les bannières et la phrase apparaît juste devant lui « The french Lenny Kravitz board welcomes you in Paris ». Lenny s’arrête un instant, interloqué, il ne s’attendait apparemment pas à çà et son sourire en dit long sur la joie qu’il éprouve !
« Always on the run » vient alors mettre le feu aux quelques rares personnes encore assises dans les balcons.
Et tout le monde reprend en cœur « Always on the ruuuuun ! But I’m always on the run ! Owww ! ! ! »
Le son pénètre mes veines et je commence à sentir les premiers effets de la drogue Lenny lorsque Craig nous envoie son premier solo.
Avec « Mr cab driver » c’est l’ambiance Old school qui nous est servie sur un plateau et Lenny prend clairement son pied à tester et mettre en avant son groupe.
Courte présentation des protagonistes : Karl Denson au saxo, Michael Hunter à la trompette, Harold Todd au saxo également, Tony Breit à la basse, Franklin Vanderbilt à la batterie, George Laks au clavier and « the guitar genius » Craig Ross ! ! !
« Lady », peut être la seule chanson qui m’a un peu permis de reprendre pied dans cette orgie musicale, était pleine de sourire, d’attention de Lenny pour nous.
Lenny nous envoie alors la rarissime « What the fuck are we saying » et l’échange avec le public se poursuit de plus belle… l’extase totale, le privilège d’assister en live à cette chanson est carrément jouissif !
Avec « Again » on reprend sur des valeurs sures mais encore une fois la qualité de l’ensemble et l’émotion du moment sont tellement fortes que cette chanson me laisse encore sans voix, Lenny s’implique à fond il vit ses chansons et nous les vivons avec lui.
Le noir nous plonge alors dans un contexte plus posé et Lenny et Craig prennent deux grattes acoustique… je rêve, je tremble, est-ce possible ? Oui ! Une version de « Stilness of heart » demandé expressément par Craig et déjà tenté une fois en concert… J’hallucine ! Combien de fois je me suis extasié en écoutant l’enregistrement live de cette version regrettant de ne pas avoir été présent à ce moment… et là comme pour me transporter au cœur de mes rêves la première note sur une des guitares me confirme mon pressentiment… je tremble, je tressaille, je pleure, c’est beau… tout simplement…
Derrière eux un piano… « I’ll be waiting » commence et Lenny nous prépare une version littéralement sortie d’un autre monde… Après avoir terminé la partie connue de la chanson il enchaîne seul u piano et… semble bloquer sur une note… Tony, Craig et Georges tente de suivre sous nos yeux ébahis. Lenny ne semble pas satisfait de son impro et Franklin a l’air très amusé, il tente d’ailleurs de rajouter à l’impro avec ses cymbales et se fait stopper net par Lenny d’un seul regard… énorme moment de spontanéité et de recherche. Lenny se reprend et envoie une version longue énormissime avec un Craig encore une fois stratosphérique qui me fait visiter des planètes inconnues et un Franklin exceptionnel qui trouve bien sa place dans le groupe !
« Where are we runnin’ » me pique littéralement avec une version survoltée ! Franklin déchire littéralement à la batterie et Craig me catapulte dans un autre monde avec un solo assassin !
« Fly away » est une fois de plus l’occasion de faire chanter le public avec des « I want to get away, Iwant to flyyyy awaaaaay ! yeaaaah, yeaaaah, yeaah ! ! ! »
Et la très attendue « Let love rule » arrive alors… le moment de libérer tout ce que mes poumons et mes cordes vocales me permettent encore de sortir pour assister Lenny dans une version de « Let love rule » ultra rallongée, parsemée de moments unique où Lenny joue les chefs d’orchestre avec ses cuivres, où Karl Denson nous a envoyé un monstrueux solo de saxo sorti du fond de ses tripes !
Lenny nous comble de bonheur il nous cherche, et pour çà nous gratifie de la fin la plus explosive de cette chanson qui puisse exister : celle du live at Wembley du DVD Alive on Planet earth… Apocalyptique, je ne sais plus vraiment où je suis à ce moment là et je vois Lenny chanter ses deux derniers « you got to let loooove, let love rule !!!!! » à deux centimètres du bord de scène, complètement accroupi juste en face de Clara… il chante ces strophes pour elle !!!
Mais cette version si longue soit elle ne s’arrête pas après cela elle évolue, se complexifie, varie et devient autre chose : « Love revolution » dans une version totalement magique de jazz funky !!!
La deuxième salve de bannières du forum est alors lancée et un « Your music saved our lives » apparaît dans le public en face de Lenny déchaînée, en transe !!!! Il donne tout ce qu’il a sur le cœur, tout ce qu’il a dans les tripes… exceptionnel !
… mais cette révolution d’amour, Lenny la porte en son coeur pour nous tous… et d’abord pour Clara.
Notre mascotte se voit invitée par Lenny himself à monter sur scène ! Les vigiles n’en croient pas leurs yeux et pourtant ce n’est qu’un début… Lenny part une seconde et ramène un tambourin à notre mascotte à nous, Clara semble très intimidé mais après 1 seconde elle se met à jouer avec Lenny sur « Love revolution » ! Lenny adore il se délecte de l’ambiance et fini alors par demander « qui d’autre veut monter sur scène ?!? » et commence à faire des gestes pour indiquer aux public de le rejoindre !!!
Le temps de me dire que je dois mal comprendre et je vois déjà 3 personnes monter… JE DOIS Y ALLER !!! Le vigile devant moi est totalement submergé par les fans il attrape tout ce qu’il peut mais je cherche à le contourner, aidé par un des hommes du staff de Lenny ! Malgré la lutte acharnée du vigile (et après lui avoir fait lâché mon pied…) je suis sur scène… avec Lenny, je me retourne… je suis complètement submergé, l’émotion du moment est tellement forte, Lenny à ma droite que je tiens un moment par l’épaule, la Cigale devant moi survoltée, enflammée, volcanique ! Mon cerveau ne comprend plus trop ce qui est en train de se passer ! Je redescend alors pour m’effondrer littéralement hébété sur l’épaule de Nanaweb. Je vis un rêve éveillé qui ne veut pas s’arrêter.
C’est à la suite de ce morceau que le morceau culte vient nous décimer tous : « Are you gonna go my way » achève littéralement la salle qui ressemble alors à un chaudron bouillonnant de ferveur musicale et de rock.
Le plancher de la Cigale fait rebondir toute la fosse en même temps : c’est la folie !!!
Lenny termine alors en retournant sa Flying-V pour reproduire le symbole des t-shirts que nous portons et lance un « France !!! » aussitôt répondu par une salve finale de hurlements et d’applaudissements frénétiques !
Lenny sort, il ne reviendra pas, il a tout donné… le monde s’est arrêté et moi avec... mes larmes ne sont pas encore sèches que je me retrouve dans la fosse, perdu, ivre de bonheur !!!
Je retrouve Aurell, mon amour et tombe dans ses bras, puis c’est le siège de Fred qui m’accueille volontiers ! Je tiens encore debout mais les jambes sont cotonneuses
Je suis encore incapable de mettre des mots sur ce que je viens de vivre, je ne réalise pas… les gens commencent à sortir, tout le monde s’apprête à retrouver le monde extérieur et j’entend alors un « Lionel ! Lionel !!! » Une voix m’appelle… la soirée n’est pas fini, le rêve ne fait que commencer !