Bon, y a pas que moi qui me suis fait ch... Il y en a même un qui s'est carrément endormi : c'est Kevin Moulback qui distille son fiel sur Yahoo au fil des émissions...
Troisième prime : élimination de Julien
mer avr 16 23:30:00 Par Kevin Moulback
Si vous avez regardé la Nouvelle Star ce soir, ça veut dire que vous avez renoncé à l'humour acide du Docteur House et à la rencontre palpitante entre Carquefou et le PSG. Et, vous le savez maintenant, vous avez eu tort ! Ce troisième prime en direct du Pavillon Baltard fut en effet d'un ennui mortel.
Pourtant, la production avait employé les grands moyens, c'est-à-dire qu'elle avait rempli le plateau de violonistes, une sorte de mini-orchestre symphonique. C'est chic et de bon goût, non ? Seulement voilà, comme la Star Academy l'a montré à maintes reprises, les grosses formations musicales ne peuvent pas jouer n'importe quoi. Elles ont fortement tendance à empêtrer ceux qu'elles accompagnent dans des arrangements pesants et ennuyeux.
C'est ainsi que le plateau de la Nouvelle Star a sombré dans un profond coma. Le bon jury ne s'en est apparemment pas aperçu, louant sept des candidats à l'unanimité (Jules, Ycare, Thomas, Cédric, Amandine) ou la quasi-unanimité (Kristov, Benjamin). Les quatres sages ne sont partagés que pour Julien et majoritairement hostiles qu'à Lucile et Siân.
C'est Jules qui ouvre le bal. Il a souhaité présenter une autre facette de son talent en interprétant "Syracuse", une chanson d'Henri Salvador, le poète de Guadeloupe récemment disparu et qui, comme l'expliquait son fils samedi dernier à Laurent Ruquier, gagnait à ne pas être connu. Revêtu d'un joli costume gris tout brillant, les yeux plissés, l'allure nonchalante, Jules joue fort bien les crooners juvéniles. Certes, il ne parvient pas à se départir de son sourire goguenard habituel, peu adapté au texte de la chanson, et il a tendance à appuyer exagérément sur les fins de phrases, mais il réussit quand même l'exercice.
Sîan aussi veut se réinventer, casser son image froide et hautaine, montrer au jury, impitoyable avec elle la semaine dernière, qu'elle ne manque pas de naturel. Et... c'est complètement raté. Elle fait pourtant beaucoup d'efforts pour avoir l'air enjouée sur "I Will Survive", l'hymne disco de Gloria Gaynor. Hélas, son interprétation est à la fois molle et démonstrative et elle s'acharne de surcroît à la personnaliser avec les inutiles fioritures jazzy qu'elle a l'habitude de caser un peu partout dans ses chansons. Au final, l'élève appliquée reçoit à nouveau de mauvaises notes, se fait traiter de choriste par Lio et de chanteuse pour mariage par André Manoukian. Une fois de plus, elle quitte le plateau fâchée.
Un malheur n'arrivant jamais seul, c'est ensuite à Kristov de s'essayer à l'Interprétation avec un grand I. Certes, le titre qu'il a choisi - "Aline" de Christophe - ne se prête guère à la sobriété, et moins encore quand on est lesté par un mini-orchestre symphonique. Mais Kristov ne fait vraiment pas dans la demi-mesure : les yeux fermés, les dents serrées, il "vit" la chanson. Et pour que l'image soit en harmonie avec le son, il porte un T-shirt rouge largement échancré sous son costume. C'est vraiment très élégant et tout à fait dans l'esprit du thème du prime : "Tenue de soirée". Le jury trouve néanmoins qu'il a fait des progrès. André Manoukian le compare même à Roy Orbison. On croit rêver.
Ycare succède à Kristov sur scène. La semaine dernière, on lui reprochait son côté "théâtrique" (© Lio) ; il a donc décidé d'en fait moins, beaucoup moins. Il s'essaie vaguement à des rupture de rythme sur "It's Oh So Quiet" de Björk mais sans beaucoup d'énergie. Ses rares écarts ressemblent à une timide imitation de Julien Doré. Lui aussi a fait des efforts pourtant : il chante juste, il a changé de coiffure et, pour un peu, il aurait presque l'air normal (son regard de psychopathe le trahit toujours un peu). Même si le jury loue son swing et sa retenue, le numéro est très convenu et, comme ce qui a précédé, plutôt ennuyeux. Je commence à somnoler devant l'écran.
Ce n'est pas Lucile qui va me tirer de ma léthargie. Certes, elle a un charmant visage de poupée de porcelaine mais son interprétation vieillote et chevrottante de "La vie en rose" d'Edith Piaf est une véritable invitation au sommeil. Il faut reconnaître cependant que l'orchestre qui se traîne misérablement, et qu'elle semble traîner comme un boulet, ne l'aide pas beaucoup. Philippe Manœuvre a eu l'impression d'être au musée, Sinclair s'est ennuyé et la malheureuse Lucile va pleurer dans les coulisses. Heureusement, la caméra est là pour filmer ses sanglots. Ça doit être ça la "classe attitude" dont parlait Virginie Efira au début de l'émission.
Thomas enchaîne avec son numéro habituel de rockeur à frange sur "Bittersweet Symphony" de The Verve. C'est conforme à l'original, en juste un peu plus mou et marmonnant, et ne laisse strictement aucun souvenir. Même le gros plan final sur la main droite levée ne m'arrache pas un sourire. Je zappe : le docteur House a trouvé le remède et le PSG a marqué un but. Tant mieux pour eux.
Quand Benjamin entonne "Madame rêve" d'Alain Bashung, l'intention somnifère de la production paraît claire. Enlisé dans les graves, le jouvenceau débite son texte d'une voix monocorde sans que jamais son timbre ne gagne en relief. À la cave il est ; à la cave il reste. Lio lui trouve "une énergie parfaite, une émotion toujours tenue." On n'a pas dû écouter la même chose.
C'est ensuite au tour de Cédric de jouer les crooners sur "I've Got You Under My Skin" de Frank Sinatra. Par son physique et sa prestance, il est plus crédible dans le rôle que l'était Jules. Sa prestation n'a rien d'inoubliable mais il apporte quand même un peu d'énergie souriante dans une émission proche du coma.
Hélas, le pire était à venir. Julien massacre "Say It Ain't So, Joe" de Murray Head. De la chanson nostalgique et révoltée, il ne reste qu'une complainte larmoyante et fastidieuse. Juché sur un tabouret et figé dans une position suppliante, Julien articule à peine et débite les paroles d'une voix nasillarde et geignarde. André Manoukian compare sa prestation au martyre de saint Sébastien. Il n'a pas tout à fait raison : Saint Sébastien avait au moins le bon goût de rester muet tandis qu'on le criblait de flèches.
Mais voici que s'avance Amandine, la merveille de Tournefeuille. Elle va sauver la soirée, c'est sûr ! Eh bien, non ! Après la supplique de Julien, voici celle d'Amandine sur "Ne me quitte pas" de Jacques Brel, une chanson aussi légère qu'un bloc de béton. On a donc droit à un nouvel exercice d'Interprétation qui tient plus de l'art dramatique que de la chanson. Alors qu'elle aurait pu se contenter du registre de la souffrance, Amandine fait de son mieux pour varier les expressions et, bizarrement, paraît plus souriante que d'habitude (rappelez-vous son interprétation douloureuse de "Butterfly"). Naturellement, le public l'ovationne. Il faut dire qu'on lui a bien laissé le temps d'applaudir... afin qu'il soit bien clair que c'était formidablement formidable. Le jury s'agite quelques instants : André Manoukian a quelques réserves sur la prestation, Philippe Manœuvre n'en a pas. À ce moment-là de la soirée, je ne suis plus d'humeur pour leurs divagations. J'ai vu suffisamment de mauvais acteurs pour aujourd'hui.
Le prime touche à sa fin (ouf !). Pour faire patienter les aimables téléspectateurs (du moins ceux qui sont toujours éveillés) pendant que Maître Nadjar compte les votes, Jules et Benjamin font un dernier duo sur "Just a Gigolo" de Louis Prima. Ils baragouinent à qui mieux mieux et affectent même des accents bizarres mais... tant pis ! Il y a de l'énergie, du rythme, de l'attitude, et surtout, c'est le seul moment un peu joyeux de cette soirée soporifique.
La musique s'arrête enfin. C'est le moment du verdict. Les tambours retentissent. Virginie Efira annonce une surprise. Il n'y en a pas : c'est Julien qui s'en va. Et voilà, c'est fini !