Et ca continue!!! les interviews de Mathieu n'arretent plus de tomber!
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Les filles vues par… Mathieu Bitton
Un beau jour, (on imagine qu’il y avait de l’orage dans l’air), Mathieu a pioché dans la discothèque de son père un album de Screamin’ Jay Hawkins. Sur son site, il raconte : « visuellement, c’était un album frappant, choquant, plein de contrastes. Quelque chose qui, par essence, tient de la controverse. » De ce jour, il commencera à hanter marché aux puces et disquaires en quête toujours renouvelée de l’énergie que procure, pour l’éternité, le Rythm n’ blues.
« Un jour, j’ai proposé à Lenny Kravitz de faire quelques photos de son concert, juste pour m’amuser… Et boum ! »
Quelques années (et un parcours qui ne peut pas être vraiment résumé à une ligne droite) plus tard, ce photographe, graphiste, réalisateur et Directeur Artistique parisien d’origine évolue entre la France et les États-Unis, immortalisant les plus grands et réalisant la plupart de ses rêves, avec en prime une médaille l’honorant du statut de Chevalier des Arts et des Lettres. Mais, entre un projet pour Lenny Kravitz, la réalisation d’un coffret Miles Davis et le design, en 2008, de la campagne Rock The Vote, Mathieu Bitton n’oublie pas de photographier nudité et féminité. Pour le défi de se frotter à un sujet qui compte plus qu’une longue tradition picturale derrière lui… Mais aussi, on le devine, par simple amour de la beauté. Interview.
Quel appareil utilisez-vous ?
Deux Canon 5D Mark III
Pourquoi deux ?
Un dans chaque main ! L’autre jour, c’est vrai, j’ai fait ça… Je filmais avec la main gauche et je prenais des photos avec la droite. Mais plus sérieusement, c’est pour éviter de changer d’objectif, notamment quand je photographie des concerts.
Numérique en tout cas…
J’ai pratiqué l’argentique pour moi, comme un hobby… Mais dans le travail, tout va et doit aller très vite, tout le monde a besoin de tout tout de suite… Le numérique permet de retravailler l’image immédiatement, de la diffuser tout aussi rapidement… C’est une souplesse précieuse.
Quand et comment avez-vous décidé de devenir photographe professionnel ?
Depuis ma jeunesse, j’ai toujours aimé faire de la photo. Au moment où ma carrière de graphiste à démarré (au début dans la mode et ensuite dans la musique et le cinéma), je voulais en faire mon métier… Mais tous mes amis étaient photographes et certains très bons, donc je n’osais pas leur faire concurrence. Après 15 ans de production, de graphisme, de Direction Artistique et de management d’artistes, j’ai commencé à reprendre la photo pour faire des pochettes d’albums. Les maisons n’avaient plus de gros budgets… Après plusieurs pochettes, je me sentais plus a l’aise. J’ai commencé à voir mon avenir en tant que photographe. Puis, j’ai commencé à bosser avec Lenny Kravitz en 2009. J’ai eu l’occasion de le prendre en photo à New York, en concert au Fillmore. Je lui avais demandé la permission de prendre des photos de la scène et il ne s’attendait à rien de particulier. Genre : « C’est juste des photos pour moi, pour m’amuser… » Mais quand il a vu les images dans le tour bus après le concert, il m’a tout de suite demandé de rester jusqu’à la fin de la tournée. On a lancé son Facebook, son Twitter, etc. Et boum ! Tout est parti en flèche.
« Le maître : Serge Gainsbourg ».
Et comment on se retrouve à bosser avec Lenny Kravitz ?
J’ai un jour envoyé un message, par MySpace je crois, à Emily Loizeau, parce que j’adorais ce qu’elle faisait. De fil en aiguille, comme je travaillais, via le graphisme, dans la musique aux États-Unis, je suis devenu son manager pour ce pays. On a sympathisé… Or, Emily était fan de Jean-Baptiste Mondino, que je connaissais par ailleurs… Je lui ai demandé si ça lui plairait de faire une photo de pochette pour Emily. Il a écouté la musique, ça lui a plu, donc il a accepté. (Il s’agissait de l’album Pays Sauvage). La veille de la séance, il venait de terminer un clip pour Lenny Kravitz (pour le titre « Dancin’ Til’ Dawn », ndlr)… Pendant qu’on travaillait, Lenny appelle Mondino et ce dernier lui dit qu’il est avec moi -il savait que j’avais déjà fait des pochettes pour lui… Bref, Mondino me passe le téléphone, Lenny Kravitz me parle de son dernier projet, un album de funk (il s’agissait d’un album intitulé Negrophilia, toujours pas sorti. À cette époque-là, Lenny Kravitz publiera finalement le projet Black and white America)… C’est comme ça qu’on s’est retrouvé, ce qui m’a amené à la photographie. J’ai d’abord fait la pochette d’un disque qui, d’ailleurs, n’est toujours pas sorti, puis des affiches. Puis j’ai produit une compile pour ses vingt ans de musique, une édition de luxe… Ensuite seulement, je lui ai proposé de faire ces photos au Fillmore… Et c’était parti.
Comment c’est, de commencer si tard ?
J’ai l’impression de devenir adulte… D’être longtemps resté enfant, parce je n’avais fait qu’une partie de ce que je devais faire… Là, je me réveille, je fais ce que j’ai toujours voulu faire sans oser. Je ne parlais à personne de la photo, pas même à mes amis… J’ai l’impression de revivre, de me libérer. Je suis arrivé à New York à l’âge de 19 ans. J’avais un ami qui était agent chez Elite, l’agence de mannequins, et c’était les années 90. On était entouré de mannequins qui allaient devenir, ou étaient déjà, des tops models : Kate Moss, Naomi Campbell… Mais il y avait tellement de photographes autour d’elles… Et puis, des mecs à l’aise, moi j’étais timide, je n’étais pas d’ailleurs un grand dragueur… Il faut dire que ce sont des femmes impressionnantes… Bref, parfois je me demande quelle aurait été ma vie si j’avais commencé la photo à l’époque… Mais comme j’ai adoré aussi tout le reste, je n’ai pas de regret.
Qu’est-ce que vous préférez photographier, et pourquoi ?
J’aime faire des nus car c’est comme un défi pour moi. Il y a tellement de mauvaises photos de nus… Ça ne pardonne pas ! Mais bien sûr, j’adore shooter le rock and roll, sur scène et dans les coulisses.
Quelles sont vos inspirations (photographes et autres) ?
Man Ray tout d’abord. Le dadaïsme. Et après, les grands photographes de jazz comme mon ami Herman Léonard (décédé en 2010 et qui apparaît dans mon film (Looking Back On Love) ou William Claxton. Irving Penn. Richard Avedon. Helmut Newton. William Eggelston. Jill Freedman. Chuck Stewart. J’ai adoré découvrir Vivian Meier. Une histoire bouleversante. Dans les contemporains j’adore Jean-Baptiste Mondino qui est un personnage unique, très drôle et tellement original. Et aussi Jehad Nga et Nick Knight.
La musique m’inspire énormément. Le jazz. La soul/Funk. Gainsbourg : le maître.
Qui ou que rêvez-vous de photographier à l’avenir ?
Prince et Jack White. Et les habitants des îles marquises et des Maldives.
Les habitants des Marquises ?
J’ai grandi sur l’album de Brel Les Marquises… J’ai toujours eu envie d’aller là-bas.
Et les Maldives ?
Un ami m’en a parlé, m’a raconté à quel point, dès que tu sors des coins touristiques, tu tombes sur des endroits magiques et des gens magnifiques, humains, beaux… Mais bon, on verra bien.
Un conseil pour les photographes débutants ?
N’écoutez pas les conseils de gens comme moi. J’ai tout fait à l’envers.
FIN