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ysabel
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Un de mes jeux c'est l'écriture... souvent parodique bien que parfois ce soit plutôt un moyen de sortir des émotions : l'écriture cathartique... mais ça on verra plus tard.
Avant les vacances (oui, je suis prof de lettres) j'avais proposé à une de mes classes de faire un portrait à la manière de Mme de La Fayette quand elle présente La Princesse de Clèves. Par jeu, j'ai fait le sujet, enfin, ça sert de correction aussi...
Alors mon modèle fut qui ? devinez (même si tout ne correspond pas évidemment, j'ai un peu exagéré, détourné, romancé... les gamins ne devaient pas savoir qui se cachait derrière (d'autant que mon portable avait eu l'outrecuidance de sonner la semaine précédente sur Stand que les élèves ont reconnu - point positif pour eux ). D'ailleurs ils m'ont cité un tas de rockeurs à la lecture de la correction... (comment réviser leur culture musicale en classe ! :P)
[justify]Il parut dans la lumière, face à la foule, accrochant tous les regards grâce à son charme dévastateur. On l’attendait depuis de longues minutes déjà, et la masse retint son souffle à son approche, comme si le moindre bruit risquait de faire s’évanouir ce moment si intense. Pourtant ces personnes étaient nombreuses à avoir vécu une scène identique quinze ans plus tôt, mais à cet instant, son éclat surpassait tout tandis qu’il les scrutait, jouissant longuement de ce plaisir enfin retrouvé. Enfant unique d’une famille d’artistes, baignant dans la double culture de ses parents, il avait grandi au milieu de la diversité musicale et d’une tolérance bienveillante. Très tôt, il sut ce qu’il deviendrait, encouragé en cela par ses proches. Libre de ses mouvements dès son adolescence, il en joua et tenta de multiples expériences – pas toujours bienheureuses, il est vrai. Son succès rapide ne fit que confirmer ses extravagances tant vestimentaires que sexuelles. Ses multiples frasques et infidélités lassaient rapidement ses compagnes successives qui le quittaient consterné, pantelant, déchiré. Ce séducteur reproduisait le schéma destructeur qu’avait entamé son père de nombreuses années plus tôt quand lui-même n’était qu’un enfant. Il vécut emporté dans un tourbillon de jouissances durant des années, tourbillon entrecoupé par quelques moments de lucidité lorsqu’il se retrouvait abandonné par celles qu’il aimait si mal. Son art s’essoufflait sous les coups de butoir de ses dérèglements : l’artiste agonisait tandis que l’homme s’immolait aux paradis artificiels. Le passage de la quarantaine, cumulé à la disparition de sa mère, fut un épisode funeste ; il sombra entièrement et disparut. Quelques années loin de tout furent nécessaires pour qu’il reprenne pied. Il abandonna tout le clinquant : l’appartement à New York, la villa à Miami etc. Il se réfugia dans le berceau de ses ancêtres maternels, une petite île des Caraïbes : longue convalescence bercée par l’océan rédempteur et une vie frugale voire monacale. Il se retrouva : l’homme fit sa mue et l’artiste pu renaître. Isolé d’un monde qu’il n’avait su dompter et qui l’avait brisé, son art revint. Il le cultiva avec amour, se consacrant entièrement à ce qui faisait finalement son essence pour ciseler un bijou exceptionnel.
Lorsqu’il réapparut, il fut accueilli chaleureusement, comme l’enfant prodigue. Enfin Adrian Summer était de retour ! le compositeur à succès, le chanteur à la voix si chaude. Débarrassé de ses démons, il entama une tournée de concerts autour du monde, déchaînant les foules de ses admirateurs – enfin surtout de ses admiratrices. Et il se trouvait là, sur scène, avec son sourire ravageur et ses éternelles lunettes noires. Subjuguée, Virginie était ici, comme il y a quinze ans, devant lui. Elle trouvait que sa beauté était toujours aussi étourdissante avec ses cheveux ras même si la barbe noire, faussement négligée, laissait apparaître quelques pointes blanches. Les multiples anneaux à ses oreilles renvoyaient les lumières des projecteurs. Le dragon, qui lui couvrait l’épaule, dont l’extrémité naissait du coude gauche pour venir s’enrouler autour du téton semblait vivant sur sa peau brune. Il dégageait un air de virilité tranquille avec ses pieds solidement plantés sur le sol et ses larges épaules musclées : jamais il ne lui avait paru aussi sensuel…[/justify]
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sducrocq
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Waouh ! C'est magnifique. Quel portrait superbement écrit ! J'adore :coeur:
Merci
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ysabel
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Bon allez, un texte que j'ai écrit juste avant les vacances de Noël...
Un grain de sable
[justify]Telle une machine impitoyable, la fin d’année revient, inexorable avec ce commandement implacable : faites la fête, réjouissez-vous, amusez-vous… incessante répétition de cette injonction. Bêtise.
Et quand l’humeur n’y est pas ?
Depuis quelques mois (ou années ?) elle s’ennuie, s’ennuie à mourir dans une vie si routinière, non pas vide – loin de là, au contraire, trop pleine souvent, voire éreintante – mais identique à la semaine précédente et à celle d’avant ; éternel retour des jours, semaines, années qui s’enchaînent. Rien de neuf, pourtant elle rêve d’imprévus oniriques. Elle se morfond dans ce retour qui lui donne la nausée, lui met le cœur au bord des lèvres. Désenchantement.
Malaise de fin d’année – comme toujours à cette époque quand elle songe à tous ceux qui ne pourront plus être présents. Son cœur est douloureux, son âme chagrinée. Alors un reproche insensé qui fuse, des critiques injustifiées, sans fondement, qui crucifient lui donnent envie de tout abandonner, de tout faire exploser, voire de s’emporter soi-même, où ? se mettre en danger, mettre tout en danger dans cette existence si assommante, balayer cette funeste mélancolie. Elle sombre devant tant d’incompréhension. Disparaître.
Situation insolite où son lieu de travail devient le lieu le moins routinier de sa vie, un lieu où règnent les surprises inattendues et étonnantes alors que les vacances apparaissent presque comme une fatalité. Là, elle s’amuse, plaisante, revit et oublie son malaise. Là, personne n’imagine le fond de son cœur. Elle s’y trouve quand un grain de sable surgit brutalement, violemment devant elle et la percute de plein fouet. Renaissance.
Alors elle attend le retour de son grain de sable salvateur ; celui qui lui fera oublier ce vague à l’âme, celui qui saura, d’un mot, la fait sourire de tout son corps. Elle l’attend bien qu’elle sache qu’il ne restera pas car tel est le sort des grains de sable : ils voyagent, mais elle voudrait jouir de son séjour – pas trop éphémère, espère-t-elle – dans son existence . Il sera imprévisible, il fera surgir un moment de déraison extravagante. Oh, il n’est pas très grand ce grain de sable mais qu’est-ce qu’il est puissant… Il fera souffler sur elle un tourbillon, une tornade de plaisirs illicites, le goût de la transgression. Il lui donnera l’envie de crier cette joie neuve ; il lui fera sentir à nouveau la jouissance de la vie. Il la ravira dans une explosion de félicités. Certes, il se montrera blessant parfois, même involontairement, comme tout grain de sable qui se respecte. Il est fort, il est beau, il est doux ce grain de sable noir et elle l’attend. Impatiemment.
Vivement janvier.[/justify]
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ysabel
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Ecriture cathartique, et comme je suis une lyrique, ça déborde souvent... si, si :salut:
Ton silence
[justify]Ton silence nocturne quand tu dors m’est doux mais ton silence diurne m’est douloureux. Pourquoi ? Qu’en est-il ?
Tu parlais, puis subitement c’est le néant. Quelle raison invoquer ? Quelle maladresse ai-je commise ? Quelle faute dois-je expier ? Quelle horreur dois-je envisager ?
Un vent de folie renversait tout sur le passage de tes mots puis rien hormis la morsure amère du silence, la torture du vide.
Le vent chaud de tes mots a laissé place à celui glacial du silence. Je suis pétrifiée par ton silence affolant.
Le charme de tes fautes et le plaisir de tes maladresses, apportés par le murmure du portable qui souffle tes mots, ont disparu : mon désarroi est à son comble.
Je me trouve déchirée par ton silence incompréhensible ; une inquiétude atroce ravage mon être effondré.
A chacun de tes mots, mon âme souriait aux anges, ton silence est une chute interminable vers l’Enfer.
Pourquoi ? Ce vide me transperce et s’attache à mon cœur. Je me débats dans ton silence terrifiant.
Une raison, n’importe laquelle mais donne-moi une raison que je comprenne ton silence si cruel.
Mon esprit s’égare dans le vide atroce de ton silence.
Abandonnée… l’absence de tes mots est une abomination pour tout mon être. J’ai l’impression que tu me nies ; l’épouvante me saisit…
Ton absence me semblait redoutable mais ton silence me brise.
Tu es venu me chercher si tendre, si doux avec ton sourire lumineux et ton regard brûlant ; ta force m’a prise, m’a soulevée vers un Eden inconnu et tu me dépossèdes de ce bonheur, brutalement.
Tu m’as fait vivre pendant quelques semaines une ivresse si intense, si rare. Pourquoi ? si c’était pour me faire tomber dans le néant sans avancer de raison.
Tu écrivais que tu m’aimais juste avant ce silence barbare.
Que comprendre ?
Je ne comprends pas, je ne peux pas comprendre.
Je veux savoir, tout simplement.
Dis-moi pourquoi.
Juste un mot,
Je t’en prie…
Je n’existe plus.[/justify]
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Sleepless
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Quelle belle plume, Ysabel ! Bravo… et merci pour partager ta prose avec nous !
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