Madonna, au pays de Candy
Par Jérôme GUILLAS
leJDD.Fr
Tant pis pour Moustaki. Et surtout pour ses fans. Madonna a bousculé l'agenda de l'Olympia, mardi, afin de délivrer un "show case" en partenariat avec NRJ. Dans les bacs depuis le 24 avril, son nouvel opus, Hard Candy, réalisé par Timbaland avec la complicité de Justin Timberlake, le valait bien? Trente minutes de "bonheur" pour des fans, anonymes et people.
Madonna, guitare en mains sur la scène de l'Olympia, mardi soir. (Reuters)
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19h30, mardi, boulevard des Capucines à Paris. Il y a foule sur le trottoir devant le temple du music-hall parisien. Le nom de Madonna s'affiche en néons rouges sur le fronton de l'Olympia. Louise Ciccone y présente son nouvel album, Hard Candy, dans les bacs en France depuis le 24 avril. Des agents de police, discrets mais efficaces, assurent la fluidité du trafic devant la salle mythique. Ils sont en effet nombreux les badauds, à pied ou motorisés, à s'arrêter, curieux de voir une telle foule amassée en rangs très serrés. Les plus courageux ou fous ont "campé" toute la nuit. Cinq cents premiers arrivés, cinq cents premiers servis contre monnaie sonnante et trébuchante. Les 2000 places restantes sont distribuées sur invitation ou gagnées par les auditeurs de NRJ. L'ex-première radio de France a en effet offert près de 400 places à ses auditeurs et assuré des "cadeaux" à l'aide de limousines flanquées du logo de la station dans les rues de la capitales contre blind-test réussi sur Madonna. Efficace. L'Olympia a évidemment fait le plein pour ce concert privé.
Lenny Kravitz et sa cour
Normal, "c'est une longue histoire d'amour" entre la radio de Max Guazzini et la Madone de la pop, explique Frédéric Pau, le directeur des programmes de la station. Soit, l'argument est rodé dans la bouche des animateurs de NRJ comme de ses RP, même si force est de constater que la fidélité de la belle, qui ne paraît pas ses cinquante printemps, est réelle. Mais Madonna, en super star internationale qu'elle est, a su se faire désirer, l'exactitude n'étant pas la politesse des reines. Les premiers "fans" pénètrent dans l'antre aux alentours de 20 heures. Et tant pis pour ceux qui sont venus "depuis Cherbourg", la mine triste et remplie d'incompréhension, voir Georges Moustaki (présent également, à la meilleure place), initialement programmé ce mardi et dont le concert est reporté au vendredi 9 mai. La salle se remplit donc, lentement mais sûrement. La fosse accueille les plus virulents, essentiellement du sexe fort. Les autres sont à l'étage, anonymes ou people. Tous les survivants de la Nouvelle Star version 2008 sont là, très encadrés par leur "nounou". Le gagnant de la saison 2006, Christophe Willem, est présent également, et ne cessera de danser et chanter, comme un enfant surexcité, durant la quasi demi-heure d'un show de précision, millimétré jusque dans le moindre détail. On connaît l'exigence de Madonna. Stars et moins stars du petit ou du grand écran ont fait le "déplacement". Jean-Baptiste Mondino et Mirwais sont également présents et Madonna ne manquera pas de les saluer publiquement. Deux DJ règlent, durant plus d'une heure et demie, la température avant l'arrivée de la diva. Le "roi" Lenny Kravitz, accompagné de sa cour de dix personnes, fait son entrée bien après que les coups de vingt-deux heures ont sonné. On peut commencer? Oui.
En septembre au Stade de France
La lumière se tamise, les décibels explosent et la belle fait son entrée, assise nonchalamment sur un trône et sceptre-micro à la main. Le standing est posé. Les danseurs et danseuses débarquent et le show peut commencer, enfin! Six morceaux, pas plus, en 27 minutes chrono, dont quatre de son dernier album, plus Hung up (on y reviendra) et Music, à l'occasion duquel l'Olympia se transforme en night club version laser et fumigènes. Et ça envoie grave, il faut reconnaître. Les portables s'agitent, on prend des photos, des vidéos et on appelle ses amis afin de pavaner et dire j'y étais, "t'es dégoûté, ou bien?". Ça danse aussi pas mal, dans la fosse bien sûr, mais quelques VIP franchissent également le pas. Madonna attaque avec Candy Shop, boit une rasade de champagne au goulot avant de faire un French kiss à une de ses danseuses, un classique, puis enchaîne avec Miles away ou Beat goes on et 4 minutes. Alors bien sûr, Madonna navigue entre pop, groove, r'n'b et hip-hop oblige, Timbaland assurant une production exempte de toute scorie, mais voilà, ce onzième album de l'ex-danseuse de Patrick Hernandez, n'est pas son meilleur, pourquoi ne pas le reconnaître. La prestation reste cependant fluide, les écrans vidéos mouvants de la scène, avec lesquels Madonna s'amuse et se frotte, distillent des images des absents, un temps pressentis à Paris, Timberlake et Timbaland. Qu'à cela ne tienne, ils devraient être présents en septembre au Stade de France.
"Fuck you, mother fucker!"
Reconnaître aussi que Madonna aura su, à l'instar d'un Serge Gainsbourg notamment, s'adapter "au style atypique, qui choque, vivant au rythme de la musique de notre époque", pour paraphraser NTM. Madonna a réservé toutefois une surprise, flirtant avec le heavy-métal sur la re-sucée de Hung up. La "Guy Ritchie's wife" est seule, sa guitare à la main, et débute Satisfaction des Rolling Stones, puis s'arrête. "Vous croyiez vraiment que j'allais chanter une chanson des Rolling Stones?" C'est le moment du speech. Madonna déclare sa relation "spéciale" à la France. "Je chante sur la même scène qu'Edith Piaf, Mistinguett, Juliette Gréco... Vive la France!" (dans le texte, ndlr). Madonna enchaîne alors avec Hung up. La dorénavant hip-hopeuse devient métal, et trouve une attitude toute masculine de jouer, virile, avant de frotter son instrument sur l'ampli puis de lever le poing et de susurer, en conclusion, "fuck you, mother fucker!". "Rockeuse", voire "rockeur", aurait pu commenter Philippe Manoeuvre, présent à l'étage. Suit Give it to me puis une version "limite", un brin kitsch, de Music. Rideau. Un "merci" et tout le monde est parti. Moustaki reviendra vendredi alors qu'on murmure que Madonna aurait choisi la date du 6 mai pour son show-case parisien non pour honorer Sarkozy mais pour faire la nique à Kylie Minogue, en concert le soir même à Bercy. Un monde sans pitié...
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